Les habitants de la communauté de la Poudrière témoignent

Le 20 avril 2020

La distanciation physique et le confinement recommandés de manière générale ont bien sûr des conséquences dans notre communauté.

Nous existons sur trois lieux de vie en Belgique, Bruxelles, Rummen et Péruwelz. La communauté vit et se réalise à travers l’unité de ces trois maisons. Il est donc impératif pour nous de maintenir ces liens au travers de mails, de coups de téléphone, de petits messages d’encouragement. Ce n’est pas gagné d’avance, prendre conscience de l’importance de cette unité demande une réelle présence d’esprit. Il y a des petits gestes qui font du bien, comme par exemple un pot de confiture qui voyage de Péruwelz à Bruxelles, une attention qui maintient le lien. Le jour de pâques, un gsm filmait en direct les personnes des autres maisons et chacun a pu se saluer.

 

En maison, ce qui permet de rester en lien, c’est bien sûr la chance que nous avons de travailler ensemble. Notre activité se réalise sur notre lieu de vie. C’est un avantage que nous mesurons souvent à sa juste valeur. Beaucoup de personnes qui sont sur le marché du travail se déplacent tous les jours et parfois sur de longues distances, avec les inconvénients d’embouteillages et de temps passé dans les transports. Malgré ce confinement, à la poudrière, nous avons donc la possibilité de continuer une partie de nos activités, même si nos magasins sont fermés. Le travail permet alors une rencontre entre nous, en l’absence des personnes bénévoles qui font régulièrement partie de notre quotidien. Nous gardons contact avec celles-ci, bien sûr, à travers les réseaux sociaux.

 

C’est l’occasion de se redécouvrir en communauté, sans le stress des ouvertures des magasins qui ponctuent nos semaines. On ressent plus de sérénité même si le vivre ensemble demande d’autant plus d’effort étant donné que nous sommes moins sollicités à l’extérieur ou par la présence des personnes qui viennent nous aider habituellement ; on se retrouve un peu face à nous-mêmes et aux autres. C’est à cet endroit précis que le fait de s’encourager prend d’autant plus d’importance. C’est aussi l’occasion d’aller plus loin dans les contacts entre nous, de prendre le temps qui nous est donné pour connaître mieux nos compagnons de vie.

 

Nous ne sommes pas égaux dans la société face à ce confinement et en communauté aussi. Certains ont plus facile à trouver du sens dans un retrait chez soi le week-end, d’autres qui ont ce besoin de sortir, de faire la fête, de rencontrer des amis, ont certainement plus difficile en ce moment ; Nous essayons de veiller aux besoins de chacun et en particulier à ceux qui sont plus fragiles grâce entre autre à des soirées-film, des jeux de société ensemble, …Par exemple, nous avons fêté Pâques en maison et construit cette fête avec les goûts et les désirs de chacun.

 

Avec nos voisins, les contacts se maintiennent par la vente de quelques produits de notre ferme, l’échange de jeux avec les enfants (des puzzles à vérifier pour le magasin, des BD prêtées, …), des discussions sur les toits, des petits coucous à travers la grille, des messages par WhatsApp, … on sent un lien fort qui subsiste malgré la distance physique. Nous applaudissons aussi tous les soirs en remerciement pour le travail difficile de toutes les personnes qui sont sur le front actuellement (personnel soignant, pharmaciens, éboueurs, la poste, les laboratoires, les fabricants de masques, …)

 

Nous essayons dans la mesure du possible de répondre aux sollicitations extérieures de personnes plus fragilisées, comme la fourniture de sacs de couchage et de couvertures pour des personnes sans domicile, la mise à disposition d’ordinateurs pour des enfants qui n’en disposent pas à la maison pour réaliser le travail pour l’école, …Une jeune fille, née dans la communauté et qui voit ses activités annulées, va aussi travailler avec médecins du monde dans un projet de logement de personnes sans domicile.

Le 20 avril 2020