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L’habitat groupé / solidaire / intergénérationel : kesako ?

Le 05 juillet 2017

Contexte, typologies et définitions

Crise du logement, des modes d’habiter et de former famille, des modalités d’expression de la solidarité et des repères en général, vieillissement de la population… Ca, c’est pour le contexte global. On peut y ajouter des variantes bruxelloises qui viennent encore exacerber ce contexte expliquant un regain d’intérêt actuel pour les solutions alternatives d’habitat qu’ils soient groupés, solidaires ou intergénérationnels: hausse des prix du foncier, paupérisation des habitants, voire un souhait de la Région de maintenir des « classes moyennes » en ses murs.

François Demonty l’a souligné lors de la matinée du 28/4 à Saint-Louis : ce regain d’intérêt observé en ce début de XXI siècle ne semble dès lors plus s’expliquer uniquement comme l’expression d’une idéologie altermondialiste ou utopiste, mais aussi, en même temps, parfois, comme la recherche d’une réponse plus pragmatique à des besoins matériels. Cette composante pragmatique peut par exemple se refléter dans une tendance à améliorer l’efficacité dans les consensus et la gestion du vivre ensemble et groupé, à plaider la modification d’un cadre légal juridique et urbanistique encore inadapté, ou à ouvrir des partenariats toujours plus mixtes dans l’élaboration d’un projet, même si ces partenariats sont encore marginaux.

S’il y a à Bruxelles autant de sorte d’habitats groupés / solidaires que de projets, on peut néanmoins tenter de les classer par critères en formulant des typologies :

 

Typologie par finalité

 

  • Sociale :

Avec la mise en place de principes tels que : un individu = une voix (comme le propose la sociocratie), la recherche d’une solidarité de voisinage basée sur la mixité sociale et générationnelle. Ex : Projet Biloba et les habitats solidaires présentés par Famihome le 24 mars.

  • Economique :

Avec la mise en place de principes tels que l’accès à un logement de qualité à moindre coût (suppression intermédiaires, mutualisation, anti-spéculation) la mise en place de groupes d’achat solidaires ou l’usage d’une monnaie alternative. Ex : diverses colocations.

  • Environnementale :

Solutions écologiques de proximité, densification, etc. Ex : Brutopia à Forest, Biplan à Haren.

  • Culturelle :

La pierre d’angle du projet de vie peut être un projet culturel (ferme de Spy en Wallonie, projets temporaires communa, la poissonnerie

  • Politique :

Le projet commun peut se structurer autour de l’ouverture sur le quartier, le rapport à la ville et à la décision publique, la place du citoyen, etc. Exemples en cours d’élaborations: des projets tels que celui du CLTB rue van den Peereboom à Molenbeek et celui mené à Anneessens par les associations Forum, Samenlevingsopbouw et l’agence immobilière sociale Baita mettent l’émancipation citoyenne au cœur de leur projet.

  • Architecturale :

Quelle architecture pour répondre aux besoins réels des habitants voire du voisinage (participation à la conception, voire construction), pour favoriser l’appropriation, la rencontre, la convivialité ?

  • Sprituelle :

Dans certains projets (béguinage, …) une dimension spirituelle peut être explicitement intégrée. Ex : La communauté de la Poudrière.

Typologie en fonction des degrés de participation et de partage des espaces

 

Anne Labit a proposé dans sa conférence du 24 mars une typologie déclinant ainsi les possibilités autour de 4 types :

Typologie des habitats groupés/solidaires par Anne Labit (conférence du 24 mars 2017 au BIP)

Autres typologies d’habitats groupés/solidaires

 

D’autres typologies sont encore possibles en fonction des critères que l’on jugera pertinents, à chacun d’établir la sienne!

Définitions

 

La diversité des initiatives rend nécessaire de définir de quoi l’on parle.

L’Habitat Groupé est un habitat participatif où habitent de manière volontariste plusieurs ménages qui gèrent de façon concertée et collective des espaces et/ou des biens collectifs, en plus des espaces et des biens privatifs.

L’Habitat Groupé affirme la fonction sociale de l’habitat via ses habitants qui y développent au moins un projet commun et des valeurs communes (de manière formalisée ou non).

L’habitat solidaire en est une variante avec une spécificité supplémentaire : il accueille au moins une personne en état de précarité. Selon le Code du Logement Bruxellois, aux moins deux critères sont exigés pour être considéré en état de précarité : faibles revenus, santé physique ou mentale, âge, absence de logement, isolement social, assuétude de type alcoolisme ou toxicomanie. Et donc pour considérer qu’un habitat est « solidaire » car habité par un tel profil de personne.

L’habitat solidaire intergénérationnel vise quant à lui une solidarité entre générations, celle-ci pouvant prendre diverses formes. Le code bruxellois du logement en propose une définition un peu plus restreinte: « l’habitat intergénérationnel est un immeuble comprenant au moins deux logements dont l’un est occupé par une personne âgée de plus de soixante-cinq ans et dont les ménages se procurent des services mutuels, organisés dans un engagement écrit, une convention, un règlement d’ordre intérieur ou un autre instrument de ce type ».

Même si cela n’est pas garanti dans la législation, le caractère solidaire ou la vocation sociale de l’habitat groupé pourra le cas échéant jouer sur l’un ou l’autre avantage tel que l’obtention de dons ou subventions, l’éligibilité dans un appel à projet, le maintien d’un statut isolé pour des habitants bénéficiant d’un revenu de remplacement, ou l’octroi d’un permis d’urbanisme (voir aussi les fiches de ce guide sur l’urbanisme et sur les aspects juridiques).

Le 05 juillet 2017
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